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| else et marc à majorque |
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La fin d'un long chapitre, ouvert en 2000...
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présence d'un écrivain effacé (par stéphane bonnefoi)
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| else et marc à majorque |
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Jeudi 14 février sera diffusé mon second documentaire radiophonique sur Marc Bernard, à 23 h sur France Culture : Le biographe (55').
Je viens de découvrir cette chronique d'Angelo-Rinaldi-de-l'Académie-Française sur Marc Bernard, datée de 2004 (!) et qui m'avait échappée au moment de la réédition dans la collection L'imaginaire (Gallimard) de Vacances, livre initialement publié chez Grasset. Je n'ai d'ailleurs jamais bien compris pourquoi Gallimard est allé récupérer ce livre chez son concurrent alors que tant de livres de Marc Bernard sont épuisés chez eux. Enfin si, je sais...
Donc, cette chronique de Rinaldi de 2004, intitulée Capri, c'est fini, que l'académicien publia dans Le Figaro et à laquelle il associa un autre (bel) oublié, Frédéric Prokosch, découvert et admiré par Mann, Gide et Camus et grand collectionneur de papillons. Bref, Prokosch et Bernard : deux beaux voyageurs immobiles.
Il avait un physique à la Cary Grant, qui se rencontre assez peu, hélas ! Parmi les hommes de lettres. Notre ami Constantin Jelenski, qui porta, comme lui, l'uniforme américain, à Rome, en 1945, le décrivait volontiers descendant de sa limousine, à la hauteur de l'hôtel Hassler, en haut de la Trinité des Monts. Simoun et Sirocco, ses deux chats siamois, l'avaient précédé, et, déjà, devant le comptoir de la réception, attendaient l'ascenseur. En familiers des lieux. Prokosch collectionna d'abord les corps, et, certain que c'eût été déchoir au fil des ans que d'être un vieux beau qui en cherche de jeunes, il se consacra à l'étude des papillons. Ils laissent au bout des doigts autant de poussière que les affaires de cœur - si c'est le mot -, mais elle est plus dorée... Pour finir, il se mit à tirer le portrait des gens. Comme on comprend la méfiance des primitifs, devant les photographes, la crainte qu'en les reflétant trop bien on ne leur dérobe une part d'eux-mêmes. Si Joyce, lady Cunard, Malaparte, Malraux, Somerset Maugham, Gide, T. S. Eliot et tant d'autres, avaient su, s'ils avaient soupçonné chez le gentleman une cruauté si douce...
Tel est le très beau titre du texte inédit de Marc Bernard que vient de publier la non moins belle revue Théodore Balmoral, dirigée par Thierry Bouchard (lire aussi ci-dessous). Ce récit d'une vingtaine de pages est sans aucun doute le tout dernier texte écrit par Marc Bernard avant de s'éteindre, le 15 novembre 1983 à Nîmes. Bien évidemment, la bien-aimée Else est omniprésente dans ce texte d'une tonalité plus crépusculaire, si l'on se réfère au livre que les éditions Gallimard publieront au lendemain de sa disparition, Au fil des jours, un véritable paquet de notes que son ami Roger Grenier eut le talent de mettre en ordre. Ce texte met aussi en exergue la relation curieuse que Marc Bernard noue avec le monde en ses derniers instants. Selon son propre aveu, il se sent de plus en plus expulsé de la réalité. Avec quelle minutie il décrit sa vision des objets, et même des murs, qui l'entourent (alors qu'il est encore sous l'effet d'une anesthésie), voire son obsession du proton...
Outre ce récit de Marc Bernard, le n°68 de la revue Balmoral propose notamment une pièce de la femme de lettres et résistante Charlotte Delbo : Les hommes. Trois écarts expérimentaux de Jacques Réda, Les graines de lecture de Bernard Baillaud, lequel édite courageusement les œuvres complètes de l'ami Paulhan chez Gallimard, ou encore un entretien avec Gilles Ortlieb autour d'un écrivain précieux : Jean Forton. Bref, Marc Bernard est bien entouré !
On peut trouver ce numéro dans les bonnes librairies, mais plus sûrement en écrivant à la revue : theodore.balmoral@wanadoo.fr (21 €). De la littérature que c'est (vraiment) la peine !